Le travail à l’encre polychrome est réalisé dans le même esprit que les peintures grand format, c’est le geste qui diffère, à la fois minutieux et libre, il reste un geste spontané qui laisse la trace des émotions et des états d’âmes nés dans l’acte de peindre.
Le pinceau exprime sa danse sur le papier en une sorte « d’écriture automatique » qui n’a pas pour projet de représenter telle ou telle chose à priori, c’est un travail qui relève de l’abstraction et pourtant la figuration peut s’y introduire discrètement.
Dans la spontanéité du geste, il se peut que des formes, paysages ou autres émergent et prennent sens.
L’encre est un médium qui a sa vie propre, soudain animée par une diffusion aléatoire lorsqu’elle rentre en contact avec l’eau et le papier. Tout le défi est de la dompter, de lui donner une structure tout en accueillant une part de hasard; en toute humilité je peux dire avec Antoni Clavé : « je me sers du hasard et le hasard se sert de moi ». Parfois le travail de l’encre se fait plus sobre réduit au noir (encre de chine) et blanc sur papier japon (héritage de la tradition asiatique) il faut alors jouer avec la lumière du papier, développer le dialogue blanc-noir dans toute sa sobriété, c’est l’occasion d’explorer toutes les nuances du lavis afin d’aboutir à une composition sensible et équilibrée.
Mon ambition est de conduire le spectateur à se laisser porter par ce qu’il voit, peut-être à méditer à rêver, une tentative pour relier les êtres au monde.